Stop aux huiles essentielles dans les savons ?
Eh oui, la présence d’huiles essentielles dans les savons s’avère un risque à mesurer. Vous avez bien compris… Aussi vertueuses soient-elles, aussi risqué est-il de les méconnaître ou d’en abuser. Et là, une petite voix vous susurre : « Euh… d’accord, mais c’est « juste » quelques gouttes naturelles dans un savon. Faudrait pas s’égarer, non plus ! » Bien sûr, « juste » quelques gouttes… Mais quelques gouttes pour quoi ? Les huiles essentielles conservent-elles leurs bienfaits médicinaux et leur parfum dans les savons ? Dans cet article, vous découvrirez que « naturel » et « plaisir olfactif » riment parfois avec « abus », voire « danger ». En prendre la mesure vous permettra de choisir votre savon en connaissance de cause.

Les huiles essentielles dans un savon : des vertus médicinales mises à mal (Pfft… y’a plus !)
La texture, la mousse et les propriétés (hydratantes, nourrissantes, antioxydantes, cicatrisantes, etc.) d’un savon dépendant de l’huile végétale choisie pour sa fabrication, quel bienfait est attendu des huiles essentielles ajoutées ? Les vertus cicatrisantes de la lavande ou de la menthe verte ? L’action amincissante du citron ? Le doute sur les vertus médicinales des essences naturelles dans un savon est de mise, et ceci pour 3 raisons.
La faible concentration des huiles essentielles dans un savon
Un savon est composé de 2 à 5 % d’huiles essentielles, contre 5 à 50 % dans une préparation thérapeutique. Normal non ? L’une a pour objectif de guérir (ou éviter une maladie) et l’autre… de se laver.
La transformation des huiles essentielles durant de la fabrication du savon
Il faut garder à l’esprit qu’un savon est le fruit d’une réaction chimique entre une huile végétale et une base. Cette réaction est nommée « saponification ». Le mélange effectué entre les 2 constituants, l’huile essentielle est ajoutée. La préparation versée dans un moule va rester au repos durant 24 h. Pendant cette période, le savon en formation peut devenir bouillant. S’en suit le temps de séchage, appelé « cure ». Les réactions chimiques se poursuivent durant cette phase.
Alors une unique question : « Déjà présents en faible quantité, que deviennent les composés actifs des huiles essentielles sous l’effet, non seulement d’une forte température, mais aussi des différentes réactions chimiques ? » Il est raisonnable de penser qu’une partie de ces molécules si délicates soient détruites, non ?
Le rinçage
Et l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé médicale (ANSM) le confirme. En effet, elle précise que les huiles essentielles ne relevant pas du monopole pharmaceutique « ne doivent pas revendiquer d’indications thérapeutiques dès lors que leur composition n’est pas garantie au regard de leur effet thérapeutique potentiel. »
En résumé, il faut garder à l’esprit qu’un produit de cosmétique, et d’autant plus un savon, est un objet de bien-être et « pas un médicament ». Rester lucide face à certaines allégations excessives sur les bienfaits thérapeutiques des huiles essentielles qui le composent est primordial.
Les huiles essentielles dans un savon : un risque à mesurer (Ohé… c’est pas tous les jours, mais ça existe « en vrai » !)
Ô combien il est difficile d’avancer des chiffres concernant les effets secondaires dus à la présence des huiles essentielles dans les savons ! La raison ? Très peu de personnes les déclarent officiellement sur le site du ministère des solidarités et de la santé.
Un doute sur leur existence ?
Et pourtant… Les mises en garde des instances gouvernementales confirment les risques de la présence des huiles essentielles dans un savon. Voici les recommandations officielles relatives aux produits cosmétiques (savons inclus) contenant des huiles essentielles :
- « Il convient d’être particulièrement prudent vis-à-vis des risques d’allergie, de photosensibilisation et de dermocausticité liés à l’usage de certaines huiles essentielles. Il est conseillé de se renseigner sur ces risques avant achat. » (DGCCRF)
- « […] les huiles essentielles ne doivent pas être considérées comme des ingrédients courants, mais comme des substances particulières non dénuées d’effets secondaires. » (ANSM)
Et pour finir, un extrait d’un article paru dans le hors-série du magazine 60 millions de consommateurs de janvier 2021, après une étude de 160 produits de cosmétique : « Bon nombre d’industriels ont également des difficultés à limiter les allergènes apportés par les parfums, les huiles essentielles, ou d’autres ingrédients, comme certains conservateurs, qui peuvent être sensibilisants. »
Ainsi, quand doutes et inquiétudes rôdent, mieux vaut garder à l’esprit que prudence est mère de sûreté. D’autant plus quand il s’agit de plaisirs et de bien-être…
Les huiles essentielles dans un savon :effets secondaires et mises en garde (Grrr… ça gratte ! Ouille… ça brûle !)
Avec les « grrr » et les « ouille », vous aurez compris que les huiles essentielles présentes dans un savon présentent un risque dont il faut prendre la mesure, pour votre peau.
Quels soucis de peau ?
Certaines molécules présentes dans les huiles essentielles peuvent entraîner des effets dermatologiques délétères :
- « simple » irritation à démangeaison importante ;
- rougeur à brûlure ;
- ou déclenchement d’une réaction allergique.
Tous ces effets secondaires sont décrits dans les articles médicaux et pharmaceutiques (sur les blogs des uns et des autres aussi, d’ailleurs ;)). Par exemple, l’huile essentielle de cannelle est caustique pour la peau (brûlure possible) et celle d’agrumes est photosensibilisante (brûlure en cas exposition au soleil).
Pourquoi ces réactions dermatologiques ?
Le danger d’un savon dépendra non seulement de l’huile essentielle et de ses allergènes potentiels, mais aussi de l’origine de ces essences naturelles, de son dosage, de sa dilution, de sa transformation lors de la réaction de saponification, de son devenir durant la cure, de, de, de… en tout état de cause de beaucoup de paramètres. Ainsi, aucune liste d’huiles essentielles dépourvues de risque n’existe à ce jour.
Les mises en garde sur leurs usages ?
Elles concernent particulièrement :
- la femme enceinte ou allaitante ;
- les enfants de moins de 3 ans (parfois 15 ans) ;
- les personnes présentant un antécédent d’allergie ;
- les personnes ayant une peau sensible (notamment beaucoup de personnes âgées).
De ce fait, avant d’acheter un savon parfumé aux huiles essentielles, mieux vaut :
- s’informer, voire se documenter, sur les essences naturelles que vous appréciez ;
- poser des questions aux vendeurs (souvent, les étiquettes détaillées sont manquantes) ;
- et si c’est pour un cadeau, prendre soin de choisir en fonction de la personne à qui vous désirez l’offrir (âge, peau, antécédent d’allergie…).
Oui, je sais ! Tout ça pour un savon contenant… des huiles essentielles !
Les huiles essentielles dans un savon : une volatilité injuste des parfums (Hop… disparu !)
Parfumé… vous avez dit « parfumé » ?
Là aussi, c’est un peu plus compliqué que cela…
Des molécules aromatiques qui disparaissent
La réaction de saponification est assez impitoyable avec les odeurs. Elle détruit ou modifie bon nombre de molécules aromatiques.
Savez-vous que ces molécules sont des composés volatiles ? Eh oui, elles peuvent s’évaporer très facilement, et d’autant plus sous l’effet de la chaleur. De plus, certaines d’entre elles sont tellement fragiles qu’elles se cassent lors de la fabrication du savon.
Imaginez la complexité de préserver le parfum originel dans un savon, pour les artisans ! C’est un métier…
Des parfums qui s’envolent
Et cette fois encore, une disparité existe entre les différentes huiles essentielles. En effet, en fonction de leur volatilité, une note olfactive leur est attribuée. Il existe 3 types de notes :
- la note de tête, la plus éphémère (citron, lavande, pamplemousse…) ;
- la note de cœur (essences fleuries : rose, vanille, néroli…) ;
- et la note de fond, la plus durable (essences boisées ou épicées : patchouli, vétiver, cannelle…).
Ainsi, l’arôme d’agrumes tiendra moins que celui du patchouli. Et si le savonnier augmente sa concentration ? Le risque de réactions dermatologiques est majoré…
Enfin, le savon sentira parfois la lavande ou le pamplemousse. Son effluve vous passera sous le nez durant la douche (agréable, non ?) et au final… aucun parfum sur votre peau. Cette sacrée volatilité !
Voilà, vous savez tout ! Les bienfaits thérapeutiques d’une huile essentielle sont inexistants dans un savon. Alors, « juste » quelques gouttes d’essences naturelles dans un savon, c’est vrai. Mais prendre un risque pour votre peau (aussi faible soit-il) « juste » pour un parfum si éphémère en vaut-il la peine ? Ne préférez-vous pas préserver ces merveilleuses huiles essentielles pour leurs vertus médicinales si bénéfiques à votre santé ? La question est posée. « Mais un savon sans parfum, c’est une tristesse, une punition », vous susurre encore cette petite voix. Combien a-t-elle raison ! Alors, proposez à cette coquine de se renseigner sur les fragrances naturelles : elles lui redonneront la joie de vivre (et des douches parfumées :)) !
Ce texte a été rédigé par Françoise L. B.