Impact Environnemental | Le match Saponification à Froid et Gel Douche

Nous nous appliquons à agir de façon responsable dans nos déplacements ainsi que dans notre alimentation. Nos efforts visent à impacter le moins possible l’environnement. Mais qu’en est-il de nos soins quotidiens ? La douche et le bain sont intégrés dans nos habitudes quotidiennes. Mais les produits, utilisés pour notre hygiène, sont-ils écoresponsables ? Découvrez les différences entre le gel douche et le savon saponifié à froid et déterminez lequel des deux mérite le plus votre attention écologique.

savon vs gel

Le gel douche est-il un produit propre ?

Le gel douche est un produit largement plébiscité par la population française. Les statistiques officielles le confirment : 68 % de la population française prend une douche chaque jour et 77 % d’entre eux utilisent un gel lavant. Le caractère pratique est certainement la seule explication à la popularité du produit lavant, car il est loin de respecter la nature comme vous pourrez le constater.

Un cocktail conséquent d’ingrédients

La variété des parfums, des textures et des couleurs du gel douche provient d’un mélange de divers ingrédients. Leur liste figure sur le verso de l’emballage et est établie par ordre d’importance des substances présentes.

De l’eau en quantité

Le composant principal apparaît sous le nom d’aqua. Vous avez deviné : c’est de l’eau. C’est un ingrédient d’origine naturelle par excellence. Mais la qualification écologique s’arrête là. L’eau représente 70 à 90 % de la préparation. C’est considérable ! Dans un flacon de gel douche de 200 ml, vous y trouverez ainsi 170 ml d’eau. Procédons à un calcul à l’échelon national. En France, il se vend annuellement plus de 186 millions de flacons. Cela représente donc une consommation au minimum de 31 620 000 litres d’eau par an.
Au souci de la consommation de l’eau, s’ajoute celui des matières dans la préparation. Effectivement, le liquide ne possède pas de pouvoir lavant, moussant et odorant correspondant aux besoins recherchés. Il est donc nécessaire de l’enrichir pour le rendre efficace.

Des substances pas écologiques

L’eau est complétée avec des ingrédients artificiels qui additionnent et conjuguent leurs effets.

Un mélange de produits de synthèse

Aucune substance utilisée ne se suffit pas à elle-même. Chacune accomplit un rôle spécifique et complémentaire. Nous vous avons répertorié ci-après, quelques-uns des tensio-actifs, des conservateurs, des stabilisants et autres composants communs aux gels lavants :

  • l’ammonium lauryl sulfate et le sodium lauryl sulfate ;
  • le cocamidopropyl bétaïne ;
  • les parabens et les paraoxybenzoate ;
  • le sodium benzoate ;
  • les phtalates ;
  • le limonène ;
  • le sodium salicylate ;
  • le polyquaternium-7.

Tous ces éléments sont des substances de synthèse provenant de la filière pétrochimique. La fabrication du gel douche présente donc globalement des retombées négatives sur l’environnement.

L’huile de palme non-éthique

Au cocktail des précédentes substances, s’ajoute l’utilisation de l’huile de palme non- éthique provenant des zones de cultures intensives. Ces plantations présentent un réel danger pour l’environnement, car elles impliquent :

  • la déforestation ;
  • l’extinction de la faune et de la flore ;
  • la destruction des écosystèmes ;
  • la consommation abusive des ressources en eau.

Les 3 autres points non-écolo du gel douche

Le gel douche en plus d’être un produit lavant, c’est aussi un flacon, des rejets et une conservation limitée.

Le conditionnement du gel douche

Conditionnement rigide, souple, en forme de bouteille ou de tube, le flacon du gel douche est fabriqué en polyéthylène ou polypropylène ou encore en polytéréphtalate d’éthylène appelé PET. Ce sont des résines de matière plastique fabriquées massivement par l’industrie pétrochimique : 100 millions de tonnes de polyéthylène produites en 2018. Cette production nécessite l’utilisation de hautes températures. L’impact du conditionnement du gel douche sur l’environnement est terrible. En effet, il est présent dès le raffinage du pétrole et excède le seuil de la mise au rebut du flacon usagé. Son recyclage n’est pas toujours systématique et lorsque cette solution peut être appliquée, elle est énergivore.
Par ailleurs, la sophistication des conditionnements dans le secteur du luxe génère un impact environnemental supplémentaire avec l’ajout des emballages cartonnés.

Les rejets du gel douche dans la nature

Le problème écologique du gel douche perdure au-delà de sa fabrication. En effet, durant votre toilette les rejets des ingrédients constituant le produit lavant, mais aussi du flacon se retrouvent dans les circuits d’évacuation. La nocivité de toutes les substances se poursuit malgré les centres d’épuration et engendre des risques majeurs d’écotoxicité aquatique.

Péremption et durabilité

Le gel douche ne peut pas se conserver indéfiniment. Il présente une date de péremption comme tous les produits cosmétiques industriels. Selon l’utilisation ou non du produit, sa durée de vie diffère :

  • inférieure à 30 mois, si le flacon est non ouvert ;
  • inférieure à 12 mois en cas d’ouverture du conditionnement.

Il est capital de respecter les dates de consommation afin de s’épargner un problème dermatologique. L’utilisation du gel douche couvre une période moyenne de 3 à 4 semaines de toilette. Vous êtes ainsi obligé de renouveler votre gel douche avec un nouveau flacon dans un délai assez court.
Le gel douche qui semble si intéressant par un côté pratique devient, après étude, nettement moins sympathique. Son rival le savon saponifié à froid est-il meilleur élève ?

La saponification à froid a-t-elle un impact considérable sur l’environnement ?

La saponification à froid ou SAF possède la particularité de réussir le mariage du naturel et de la simplicité avec le concours du temps.

La saponification à froid laisse la place au naturel

La saponification à froid est caractérisée par une composition d’éléments d’origine naturelle.

De la simplicité dans la saponification à froid

La préparation du savon se contente des produits suivants :

  • un corps gras ;
  • un agent alcalin ;
  • des huiles essentielles, du miel ou un macérât de plantes pour parfumer et agrémenter ;
Du sel de table

L’agent alcalin est un hydroxyde de sodium appelé aussi soude caustique. Cette substance est issue du chlorure de sodium ou si vous préférez du sel de table. Bien que naturelle, la soude est néanmoins dangereuse à manipuler car elle est corrosive. Pour fabriquer du savon, on la mélange avec des graisses.

Des graisses naturelles

Elles sont d’origine animale ou végétale et proviennent de filières bio. Les corps gras sont généralement les suivants :

  • des beurres de karité et de végétaux issus de circuits courts ;
  • l’huile de palme durable certifiée RSPO ;
  • l’huile de coco ;
  • des huiles végétales du terroir telles que le tournesol, l’olive et le colza ;
  • du lait d’ânesse d’un troupeau personnel ;
  • du lait de chèvre de l’élevage de l’artisan.

Le savonnier est généralement un passionné sensible aux problèmes environnementaux. Il exclut donc les produits non-éthiques et les substances de synthèse. Du reste, celles-ci sont inutiles, car la saponification à froid présente la particularité de se suffire à elle-même.

Un travail naturel des ingrédients

La saponification à froid est le fruit d’une alchimie entièrement naturelle. C’est ce qui constitue la particularité de cette technique. Nous vous invitons, d’ailleurs, à consulter notre article dédié entièrement à ce savoir-faire. En quelques lignes, nous vous résumons ici cette fabrication. L’artisan malaxe avec un peu d’eau, de la matière grasse et de la soude. Cette combinaison est parfois enrichie par l’ajout de quelques gouttes d’huile essentielle ou d’une infusion de plantes. Le savonnier va laisser agir le mélange et le mettre en attente durant plusieurs semaines. Au final, les substances grasses et alcalines auront disparu intégralement. Elles se sont transformées en un savon naturellement surgras et glycériné.
Le match avec le gel douche ne s’arrête pas là, car la saponification à froid a 3 autres atouts en réserve.

Les 3 points supplémentaires de la saponification à froid

Un conditionnement minimaliste

Grâce à sa forme solide, le savon saponifié à froid présente l’avantage de pouvoir se passer facilement d’un emballage. C’est le cas notamment pour la vente de la production en direct chez le savonnier. Lorsque le produit est vendu dans une boutique externe, l’emballage est présent sur le produit, pour l’identifier plus aisément. Mais le conditionnement reste toujours minimaliste : une enveloppe, une simple bande de papier ou parfois un petit carton souple aux dimensions du produit. L’empaquetage simplifié est principalement fabriqué dans du papier recyclé ou recyclable et les impressions effectuées avec des encres non-toxiques.

Une durabilité exemplaire

Le savon saponifié à froid est un produit remarquable par son exceptionnelle longue conservation. En effet, le vieillissement n’altère pas ses propriétés car le temps demeure son ami : souvenez-vous de la particularité du procédé de la saponification à froid.
De surcroît, il n’existe pas de normes de durabilité pour le savon saponifié à froid. L’usure du produit dépend de l’usage et du nombre de consommateurs. Effectivement, les qualités de ce savon le font adopter unanimement pour la toilette :

  • de la famille au complet ;
  • à toutes les tranches d’âge ;
  • pour toutes les parties du corps.

Si vous mettez en avant l’argument de la dissolution du savon humide, ma réponse est : c’est aisément évitable. Posez-le sur un carré de fibres naturelles comme le loofah en guise de porte-savon. Votre produit d’hygiène peut ainsi sécher correctement après la toilette.
En plus, les morceaux de savon résiduels ne sont pas à jeter, car vous pouvez les fondre pour en fabriquer un nouveau !

Un faible impact environnemental jusqu’aux rejets

L’impact de la SAF sur l’environnement est mineur au regard de tous les critères suivants  :

  • fabrication peu énergivore ;
  • minimum d’ingrédients ;
  • packaging minimaliste ;
  • matières premières d’origine naturelle et locale ;
  • absence de matière toxique dans le produit final ;
  • possibilité de refaire un savon avec les morceaux restants ;
  • quantité négligeable de résidus.

La saponification à froid est donc assurément moins nocive que le gel douche. La popularité de ce dernier tient manifestement dans sa facilité d’emploi ainsi qu’à son prix concurrentiel dû à son industrialisation. Quant au savon saponifié à froid, son prix est sensiblement plus élevé, mais c’est indubitablement un produit purement artisanal, bon pour la planète et pour votre bien-être.

Cet article a été rédigé par Marie-Pierre Chaine.